Bruxelles, le 17 décembre 2019 – Voici aujourd’hui un an que – le 17 décembre 2018 à New York – l’Assemblée générale des Nations Unies adoptait la Déclaration sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP).
L’obtention de cet instrument international visant à protéger et renforcer les communautés paysannes autour du monde a constitué une victoire majeure pour La Via Campesina – le mouvement paysan mondial – qui a travaillé avec les organisations des peuples autochtones, travailleurs agricoles, pêcheurs et pastoralistes, ainsi qu’avec de nombreuses ONG et alliés mobilisés depuis 18 ans. Cette déclaration, qui rassemble l’ensemble des droits humains soutenant et habilitant les systèmes et moyens de subsistance paysans, offre des outils clés pour soutenir une production alimentaire durable et accessible à tous, en particulier dans les zones rurales, où vivent 80% de la population qui souffre de faim et de malnutrition. Certains des droits fondamentaux reconnus et promus par la DNUDP sont le droit à la terre, aux semences, à un environnement sain et à la biodiversité. Ils constituent un outil puissant capable de répondre à la crise climatique.
Cette fin d’année 2019 est marquée d’une part par l’échec de la COP 25, qui prouve une fois de plus l’incapacité des Etats à prendre conscience et acte de l’urgence climatique à l’échelle internationale, et de l’autre par les soulèvements citoyens pour les droits humains, de Madrid à Santiago du Chili, de Beirut à Hong Kong. Pour faire face aux crises sociales et environnementales actuelles et à la multiplication des conflits, il est urgent de protéger les exclus du système et de renforcer les systèmes paysans, qui constituent la principale source de nourriture et offrent en même temps la meilleure solution d’atténuation des gaz à effets de serre.
Mais pour l’instant, l’agriculture paysanne continue d’être discriminée à tous les niveaux en Europe, où elle est considérée comme un fardeau du passé, au lieu d’être reconnue à sa juste valeur comme un solide pilier de la culture européenne.
Selon Ramona Duminicioiu, membre du Comité de coordination de l’ECVC, « en Roumanie, où la grande majorité des producteurs sont de petits agriculteurs, ils sont confrontés à un accaparement massif de terres par des entreprises nationales et étrangères. La situation est encore pire pour nos voisins ukrainiens, où un nouveau projet de loi de libéralisation foncière menace de violer le droit à la terre de plus de 6 millions de paysans, au profit des conglomérats agricoles, des oligarques nationaux et des multinationales ». Dès aujourd’hui, les paysans ukrainiens sont descendus dans les rues de Kiev pour s’opposer à ce projet de loi et faire valoir leurs droits.
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Manifestation de paysans dans les rues de Kiev, le 16 décembre 2019
La récente proposition par la Commission européenne d’un pacte vert, comprenant une stratégie « de la ferme à la table » qui fait enfin le lien entre une alimentation sure et saine pour les consommateurs et les systèmes agricoles et qui promeut l’agroécologie, est certes encourageante mais n’est guère suffisante. ECVC attend de la Commission et de tous les États européens qu’ils mettent en œuvre la Déclaration sur les droits des paysans dans l’ensemble des politiques concernées.
Pour Jose-Miguel Pacheco, également membre du comité d’ECVC, « l’UE doit urgemment protéger les petites et moyennes fermes familiales, en assurant la régulation des marchés agricoles et une juste répartition des subsides. Ce droit à une vie digne est inclus dans la Déclaration et doit être appliqué dans notre politique commerciale. La réforme de la PAC doit aller dans ce sens, afin que le nécessaire virage écologique de notre continent ne laisse personne derrière. Ni ici, ni ailleurs. »
Il y a urgence ! Les paysans nourrissent la population mondiale et leurs droits sont des droits humains !
Visionnez ici la nouvelle vidéo d’ECVC sur la Déclaration des droits des paysans, avec les sous-titres en français, anglais et espagnol
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Contacts :
Ramona Duminicioiu – Comité de Coordination d’ECVC : +40 746 337 022 – FR, ES, EN, RO
Jose-Miguel Pacheco – Comité de Coordination de ECVC : +351 918736441 – ES, PT