THEMATIQUE DE LA JOURNEE
Depuis plusieurs années, Le Mouvement d’Action Paysanne organise, en décembre, son Conseil de la Saint-Eloi. Traditionnellement, le Conseil se veut être un espace convivial de parole et d’échanges entre membres, sympathisants et proches partenaires du Mouvement autour de thématiques paysannes.
Cette année nous proposons d’aborder le thème de la « la mobilisation politique et syndicale paysanne. »
Lors de son assemblée générale 2016, le Mouvement d’Action Paysanne a renforcé ses fondements en se donnant comme mission centrale de conduire l’action collective paysanne pour favoriser la relocalisation de notre agriculture par le retour des fermes sur nos territoires ruraux et péri-urbains. Et ce, selon deux axes majeurs ; l’action collective, politique et syndicale, d’une part et, la recherche, l’innovation, l’invention, le partage des savoirs et des savoir-faire des pratiques de l’agro-écologie paysanne d’autre part.
Considérant les orientations du Mouvement ainsi que l’actualité des derniers mois, il semble opportun de se questionner sur ce que, actuellement, nous appelons communément la « lutte paysanne ». Si cette lutte est loin d’être contemporaine et s’inscrit dans l’histoire même de l’agriculture, force est de poser certains constats. Si des avancées ont été obtenues depuis des siècles de mobilisation paysanne, certaines revendications d’antan pourraient-être encore celles d’aujourd’hui. Les centres du pouvoir et les relations d’asservissement du monde paysan ne sont certes plus les mêmes, mais les réalités quasi identiques. De serf, le paysan est devenu travailleur précaire. De soumis à la loi du noble, le paysan doit s’abaisser aux lois du marché mondial libéralisé contraint de s’agrandir, s’industrialiser, s’endetter. Les paysans martèlent encore aujourd’hui le droit à la terre, le droit à des conditions de travail décentes, le droit à un revenu juste, le droit de produire des aliments de qualité. Ces revendications deviennent doucement des échos d’un monde paysan qui s’essouffle et disparaît inexorablement, noyé dans la logique de la délocalisation des biens et des services qui a déjà touché le secteur de l’industrie européenne. Et pourtant la mobilisation autour du monde paysan n’a jamais été aussi diversifiée. Des actions de désobéissance civile aux manifestations d’agriculteurs en passant par le soutien de la société civile, des académiciens et des consommateurs, la société se réveille pour garantir sa souveraineté alimentaire et soutenir les paysans. Le monde paysan se renforce et se réinvente constamment. Aujourd’hui est militant, le paysans qui s’installe ou qui résiste sur sa ferme. Aujourd’hui est militant celui qui intègre des concepts d’économie localisée, d’autonomie, de durabilité dans ses modes de production. Mais quelle est la force et la portée politique du monde paysan ? Quels sont les leviers à activer ? Comment articuler le travail syndical (et sous quelle forme) aux actions de la société civile ? Est-il nécessaire pour le paysan de monter dans la rue ou doit-il résister sur sa ferme ? Comment traduire aujourd’hui le mouvement de lutte sociale et paysanne ?
Telles sont les questions dont le MAP aimerait discuter avec vous ce 1er décembre à Gibecq.
Afin de solliciter réellement le débat d’idées, de sortir des sentiers battus et des messages communément admis, nous avons opté pour la formule du débat croisé. L’espace sera créé pour permettre à chacun d’exprimer son point de vue, de marquer son accord ou son désaccord, de se réapproprier sa voix en tant qu’acteur d’une société et d’un modèle de production. Les possibilités qui se dessineront lors de la discussion seront la base de préparation de la prochaine Assemblée Générale du Mouvement d’Action Paysanne prévue en mars.
Rejoignez-nous donc nombreux au Conseil de la Saint-Eloi et dessinons ensemble la transition paysanne agroécologique que nous voulons, avec et pour les paysans !
Depuis les premiers conseils de la Saint-Eloi, le Mouvement d’Action Paysanne a veillé à organiser cet événement dans différentes régions de Wallonie par équité par rapport aux distances à parcourir. Cette année, le MAP-EPI a opté pour la région du Hainaut par cohérence avec la logique de « tour des régions » et parce que le terreau historique politique et paysan de Gibecq répondait symboliquement au débat. En 2017, le Conseil migrera à un autre bout de la Wallonie.
Pour des raisons de capacité d’accueil (60 – 70 personnes au grand maximum) et de cohérence, les places seront réservées en priorité aux membres du MAP et aux paysans. Merci, dès lors, de communiquer votre présence à Laurence Lefever (laurence.lefever@gmail.com – 0477 340 428) De plus amples informations seront communiquées prochainement par e-mail. Pour ceux qui n’auraient pas facilement accès à l’e-technologie, merci de contacter également Laurence Lefever par téléphone.
Programme :
Matinée : Visite de ferme, mot de bienvenue par Serge Peereboom, co-président du MAP et introduction historique au débat par Joseph Charlier.
Pause de midi : Buffet paysan collectif. Merci de contribuer à la « table paysanne » en faisant découvrir à tous des produits de votre région ou de votre production. Et, pour faire honneur à la région qui nous accueille, certains produits locaux seront présentés à la dégustation.
Après-midi :
1) Débat croisé entre :
- Laurent Pinatel (Porte-parole pour la Confédération Paysanne)
- Sylvia Pérez-Vitoria (économiste, sociologue et documentariste française, auteur de documentaires et d’ouvrages sur les modes de vie des paysans)
- Henri Lecloux (producteur laitier retraité, mandataire actif du MAP et d’ECVC)
- Thijs Boelens (paysan en Flandre, membre du Boerenforum)
- Johan Verhoeven (FIAN – militant dans différents réseaux en soutien à l’agriculture paysanne)
- Charles Culot (Artiste – militant et co-créateur de la pièce de théâtre « nourrir l’humanité, c’est un métier »)
- Stéphanie Delhaye (Productrice laitière, militante et co-présidente du MAP)
2) Débat entre les intervenants et le public.
3) Drink de clôture et de l’amitié
P.A.F : Gratuit pour les membres du MAP – 10 euros pour les non-membres.
Le Conseil se déroulera du 10h à 17h pour ne pas trop perturber le rythme quotidien de production des paysans.
L’horaire détaillé suivra tout prochainement par e-mail mais notez déjà la date dans vos agendas !