Agroécologie
La transformation sociale par la production d’aliments et la lutte paysanne
Ce document a pour but d’aider à définir le concept d’agroécologie à partir de la vision des paysannes et paysans de la Coordination Européenne Via Campesina.
Nous sommes producteur/ices de nourriture et nous percevons l’agroécologie comme un mode de vie et d’être en relation avec notre entourage. Il s’agit de notre chemin pour avancer vers la Souveraineté Alimentaire.
Nous percevons l’agroécologie comme un processus de transformation, personnel et collectif, qui va plus loin que la simple application de techniques ou de pratiques agroécologiques. L’engagement de continuer à avancer au sein de ce processus est ce qui nous unit, sans exclusion. Il s’agit d’un processus qui se tourne vers une agriculture basée sur l’autonomie paysanne, indépendante vis à vis du petrole et des autres energies fossiles ; qui protège les paysages, sans OGM, brevets ni intrants artificiels.
L’agroécologie nécessite une vision intégrale, qui adapte les processus et les pratiques aux différentes réalités que nous vivons, quelque soit leur échelle. Pour cette raison, il s’agit d’un concept évolutif et changeant qui concerne tous les aspects de la vie.
Au travers de ces 6 principes, nous souhaitons présenter quelques unes de ses principales caractéristiques.
1. Le sentiment
Le sentiment paysan est une part essentielle de l’agroecologie et est basé sur la conscience, l’amour et le respect de la terre, des communs, de la nature et de toutes les formes de vie.
2. Diversité et biodiversité
L’agroecologie favorise la biodiversité, en tant qu’harmonie et synergie entre différents systèmes naturels, sociaux et culturels.
L’agroécologie conçoit, développe et préserve des ecosystèmes agricoles qui sont avant tout basés sur la diversité locale et les interactions entre ces derniers.
3. Savoirs paysans
L’agroecologie protège, partage, met en commun et en pratique les savoirs paysans traditionnels, au sein de son contexte et de sa réalité.
Elle valorise la transmission intergenerationnelle et l’echange de paysan/ne à paysan/ne. Elle impulse l’innovation par l’observation, la créativité et l’apprentissage continuels afin d’apporter des reponses aux nouveaux défis auxquels nous devons faire face.
4. Communauté
L’agroécologie récupère et renforce la confiance et la coopération au sein des communautés mais aussi entre elles, qu’elles soient grandes ou petites, rurales ou urbaines.
L’agroécologie suppose un changement de valeurs qui implique de passer de l’individualisme à la cooperation, de défendre des relations sociales égalitaires et de récupérer le sens de la communauté.
Nous affirmons la nécessité d’une reconnaissance mutuelle entre le monde paysan et la communauté, et de restaurer la dignité de notre travail en tant que paysan•nes.
5. Droits paysans
Nos droits en tant que paysans, aussi bien en ce qui concerne l’accès aux semences, à la terre, à l’eau et aux autres communs sont une condition essentielle de l’agroécologie.
L’agroecologie impulse une decentralisation du pouvoir qui permet au monde paysan de récupérer son autonomie.
Le modèle agroécologique respecte l’agriculture locale des autres lieux et communautés ; il est solidaire, et engagé envers toutes les regions et paysan/nes du monde.
L’agroécologie est également un des outils qui permet de refroidir la planète, et contribue ainsi à la lutte contre le changement climatique.
6. Lutte et transformation sociale
L’organisation paysanne et le renforcement de nos bases sont nécessaires afin d’avancer sur nos propres propositions politiques.
L’agroécologie, conjointe aux luttes paysannes, est une résistance légitime dans notre construction quotidienne de la Souveraineté Alimentaire.
Nous ne les laisserons pas nous séparer. Notre agriculture a beaucoup de noms, mais un seul coeur : l’agriculture paysanne !
Evenstad, Norvège, mars 2014.