Journée Internationale d’Action contre l’OMC et les Accords de Libre-Échange : Appel à l’Action !
Le 10 septembre est reconnu par La Via Campesina et ses allié·es dans le monde entier comme la Journée Internationale d’Action contre l’Organisation Mondiale du Commerce et les Accords de Libre-Échange. C’est à cette date, en 2003, devant le lieu de la réunion ministérielle de l’OMC à Cancún, au Mexique, que Lee Kyung Hae, un·e paysan coréen, a sacrifié sa vie pour protester contre les effets dévastateurs de l’ouverture des frontières nationales au libre-échange. Au moment de son martyr, Lee portait autour du cou une pancarte indiquant « L’OMC Tue les Paysan·nes ».
Vingt et un ans plus tard, alors que nous commémorons son sacrifice, le monde est confronté à une polycrise de faim, de catastrophes climatiques, de guerres génocidaires, d’inégalités extrêmes, de dettes nationales croissantes, d’inflation et de migrations. Pourtant, tout ce que nous voyons, c’est une tentative désespérée de maintenir le statu quo, de continuer comme si de rien n’était, et des efforts systématiques pour détourner l’attention des causes profondes de ces crises en attisant le racisme, le localisme, le patriarcat et la xénophobie.
Depuis ses débuts, La Via Campesina a averti que la mondialisation du libre marché—promouvant le désinvestissement, la privatisation et le démantèlement des réseaux de réglementation nationaux—entraînerait une concentration accrue du pouvoir parmi les élites politiques et corporatives, notamment à travers les multinationales, avec des conséquences dévastatrices pour les communautés rurales et les travailleur·ses urbain·es du monde entier. Aujourd’hui, presque tous les pays du monde sont témoins d’une colère croissante parmi leurs classes ouvrières rurales et urbaines, qui ont été systématiquement marginalisées et invisibilisées par un système économique qui s’est étendu avec les bénédictions de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international et de l’Organisation mondiale du commerce.
Il est grand temps que le monde suive une trajectoire économique différente, très éloignée du modèle dominant guidé par les principes néolibéraux. Nous vivons un moment géopolitique qui voit émerger un ordre multipolaire, où l’hégémonie des anciennes puissances coloniales est remise en question. Mais même dans ce réagencement, il y a peu d’efforts pour repenser le modèle économique exploiteur qui nous a menés à la situation que nous vivons aujourd’hui, et le pouvoir des entreprises transnationales continue d’augmenter.
La Via Campesina appelle tou·tes nos allié·es des mouvements sociaux partout dans le monde à s’organiser et à se mobiliser pour un nouveau cadre économique mondial. Nous avons besoin d’une alternative à l’Accord sur l’agriculture promu par l’Organisation mondiale du commerce. La logique du libre marché, qui a guidé le commerce international et poussé l’expansion du capital au-delà des frontières, doit être arrêtée et remplacée par un nouveau cadre qui respecte la solidarité, l’internationalisme, le féminisme, l’équité, la justice sociale et qui protège les économies locales ainsi que la souveraineté alimentaire.
Depuis 2022, La Via Campesina est engagée dans des consultations pour construire un Cadre International Alternatif pour le Commerce Mondial de l’Agriculture, qui promeut la souveraineté alimentaire, s’aligne avec la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Paysan·nes et des Autres Personnes Travaillant dans les Zones Rurales (UNDROP), et favorise la coopération transfrontalière plutôt que la compétition. Cette année, nous élargirons ce processus consultatif pour inclure nos allié·es, ami·es dans le milieu académique, ainsi que les gouvernements et leurs diplomates.
Nous exhortons tou·tes nos membres et allié·es à utiliser le mois de septembre pour mettre en lumière la crise en cours dans vos communautés et exiger des politiques publiques qui apportent plus de transparence au commerce national et international, qui garantissent la souveraineté alimentaire de nos peuples, et qui assurent des prix équitables pour nos produits.
Nous, paysan·nes et petit·es producteur·rices alimentaires, nourrissons encore 70 % de la population mondiale, même si nous luttons pour couvrir nos propres coûts de production et nourrir nos familles ! Nous sommes la pierre angulaire pour assurer la souveraineté alimentaire, et tout gouvernement qui prend au sérieux l’éradication de la faim, la malnutrition, et la construction d’économies rurales solides doit garantir que nous ayons accès et contrôle sur tous les moyens de production, que nos biens communs soient protégés, et que nous recevions une compensation et des salaires équitables pour notre travail, ainsi qu’une protection sociale et des soins de santé pour nos communautés.
Le Libre-Échange Alimente la Faim ! L’OMC Tue ! Un Nouveau Cadre Commercial, MAINTENANT !
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Plus d’infos :
https://viacampesina.org/fr/journee-internationale-daction-contre-lomc-et-les-accords-de-libre-echange-appel-a-laction